Et si Gutenberg, cet inventeur allemand, avait la possibilité par la magie d’un voyage dans le temps, d’apparaître aujourd’hui à Bruxelles. Lui qui inventa l’imprimerie en 1455, que penserait-il en parcourant et observant les rues de notre capitale ? Aurait-il pu se douter des répercussions de son œuvre ? Tentons d’imaginer son aventure…
Imaginons son parcours aujourd’hui dans une belle journée ensoleillée, déambulant dans le centre ville de Bruxelles. Après avoir digéré ses premières émotions liées à la technologie de notre monde moderne, il se dirige rue Neuve, regarde les gens et contemple les vitrines. Interpellé par une affiche attrayante, il entre dans un magasin et découvre la nouvelle collection de vêtements RiverWoods dans un catalogue placé sur le comptoir à l’entrée du magasin. Bien qu’il ait un intérêt certain pour la mode (à démontrer !) nous nous doutons bien que ce n’est pas la dernière collection de pantalons qui l’interpelle mais bien le support, ce document imprimé, cette brochure au toucher d’une extrême douceur, contenant des images et photos en couleurs et des lettres imprimées aux caractères si particuliers.
Commence t-il à se douter des conséquences de son invention ? Non. Bien que fort interpellé par cette première visite, Gutenberg ne réalise pas encore qu’il a entraîné une véritable «révolution». Mais ça ne saurait tarder, son parcours le mène rapidement à d’autres découvertes…
Se ressourçant au restaurant Hemisphères, rue de l’Ecuyer, outre la cuisine internationale qui le fait voyager gustativement dans les contrées perses, il s’intrigue devant le menu et la carte des vins….imprimés. Il en ressort avec la carte de visite…. Au musée des “Bozar” rue Royale, il découvre un magnifique livre d’art sur Pierre Breugel dont les peintures lui rappellent son époque et un autre sur Philippe Starck, designer contemporain dont les objets et l’architecture font le tour du monde. S’informant à l’office du tourisme (évidemment), il découvre des cartes, plans de la ville et autres prospectus sur des centaines d’activités, musées, hôtels,… tous imprimés.
Gutenberg, qui créa le tout 1er livre imprimé, la Bible de Gutenberg, en 1455, visitant l’église Saint Michel Sainte Gudule, se doute t-il qu’aujourd’hui la Bible est le livre le plus vendu et traduit (2000 langues) sur la planète, avec plus de dix millions d’exemplaires distribués chaque année, et sur le point d’être détrônée par le catalogue IKEA 😉 ?
Imaginons son ressenti en écoutant le son des pages feuilletées par un lecteur passionné au milieu de la Bibliothèque Royale de Belgique, créée en 1559, située au Mont de Arts et qui rassemble aujourd’hui des siècles d’histoire et de connaissance… C’est à travers un de ses milliers d’ouvrages qu’il comprend qu’un grand bénéficiaire de son invention a été la science au 19ème siècle dont les experts de l’époque ont pu structurer, imprimer, enseigner et donc faire progresser le «savoir»… Ah! ce fameux «savoir», cette «connaissance», … l’ «information» !
Mais il n’est pas encore au bout de ses émotions car son parcours continue…
De retour à la rue Neuve, imaginons sa réaction quand Gutenberg, né en 1397 à Mayence en Allemagne, arrive au dernier étage du City 2 et découvre la FNAC (une des 621 librairies bruxelloises)…
A quoi pense t-il en regardant les centaines d’étagères arborant des milliers d’ouvrages imprimés classés par rubrique : science, histoire, communication, art, design, marketing, management, nature, architecture, langue, bande dessinée, philosophie, spiritualité, religion, sport, technologie, informatique, psychologie, économie, animaux, physique, géographie, voyage,… Au département musical, séduit par le dernier album de Martin Solveig (pourquoi pas ?), il découvre tous les CD et leurs pochettes imprimées nous informant sur l’artiste et son répertoire…. Et entrant de plein pied dans le monde de la communication publicitaire au département Audiovisuel il se fascine devant tous les produits (télévision, GSM, PDA, lecteur MP3, ordinateur, écran,…) emballés dans une boîte en carton … imprimée, valorisant son contenu, ses avantages et ses caractéristiques techniques. D’ailleurs, à propos des boîtes en carton imprimées, imaginons-le visiter un supermarché Delhaize, un magasin de jouet ou encore une pharmacie !
Gutenberg est de plus en plus surpris et ému par les merveilles qu’il découvre sur son chemin qui le fait voyager dans les rues bruxelloises. Il est de plus en plus conscient de l’impact de l’invention de l’imprimerie. Jamais il ne se serait douté qu’aujourd’hui l’imprimé est l’outil de communication et de transmission d’information par excellence.
Il en est d’autant plus convaincu quand son parcours le mène dans un press-shop de la galerie Anspach où à nouveau son cœur s’accélère en regardant les : Le Soir, Standaard, L’Echo, Elle, Télémoustique, Vif l’express, La Libre Match, Voici, Trends Tendance, Géo, Villa, Playboy, Le Monde du Tennis, Studio et bien d’autres magazines. Au département presse étrangère, il découvre Le Monde, The Times, Wall Street Journal, El Païs,… tous en langues étrangères lui donnant des informations d’actualité et de divertissement provenant de régions du monde dont il n’avait même pas connaissance.
C’en est trop d’un coup pour notre ami Gutenberg qui souhaite souffler un peu et décide de s’asseoir à la terrasse de la taverne Le Roi d’Espagne sur la Grand Place de Bruxelles. Dégustant un bonne bière Chimay et savourant la légère brise qu’offre l’été indien à notre plat pays, il repense à sa vie au 15ème siècle, à son invention et surtout à tout ce qu’il vient de découvrir sur notre époque. L’émotion l’envahit.
A la table à côté, un jeune couple profitant également de la beauté de la plus belle place du monde (ndl : allez oui on peut le dire) constate son émoi et décide de lui parler. Gutenberg, heureux de pouvoir échanger avec des jeunes gens «branchés», leur conte son histoire et sa journée.
Tous deux spécialistes en communication, fraîchement diplomés de l’ECS Bruxelles… Sophie et Olivier l’écoutent attentivement. Touchés par son histoire et cette rencontre extra-ordinaire, ils lui expliquent que c’est VRAI, qu’il a effectivement «révolutionné» le monde avec l’invention de l’imprimerie.
Olivier, consultant dans un bureau de Relation Presse et qui aime les chiffres l’informe que rien qu’à Bruxelles, 219 imprimeurs sont répertoriés dans les pages d’or online. Après avoir expliqué à son nouvel interlocuteur, abassourdi, ce qu’est internet (nouvelle révolution dans le monde de la transmission de l’information) … il précise qu’il convient aussi de tenir compte de toutes les professions directement liées à l’imprimerie. La création, la production, la distribution d’imprimés concernent des milliers de personnes et d’entreprises : Agences de Publicité, de Relations Publiques, Graphistes, Photographes, Illustrateurs, Rédacteurs, Traducteurs, Editeurs, Direct mailing, La Poste,…
Ensuite, Sophie, responsable communication dans un société de télécommunication, explique à Gutenberg que l’imprimerie est omniprésente dans son métier. Les cartes de visite, une brochure présentant les activités et les produits de l’entreprise, un newsletter interne pour communiquer avec les employés, une action de direct marketing pour inviter ses clients à un évènement, une campagne presse pour augmenter la notoriété de l’entreprise, … sont autant de créations qui ne pourraient pas exister sans l’imprimerie.
Un long silence s’installe entre nos 3 personnages complices.
Gutenberg a compris ! Il est heureux, ému. Maintenant il «sait». Il sait que son invention a révolutionné le monde. Elle a permis la multiplication et la transmission du «savoir» dans tous les domaines de la vie quotidienne. Elle permet d’échanger, de communiquer. Elle donne de l’information et du plaisir, elle permet de créer, de grandir.
Bref d’évoluer, tous ensemble.
Il est temps de partir, Gutenberg salue ses nouveaux amis et continue son voyage dans le temps…
(extrait du cours de TP Edition – Alex Pavy pour l’ECS EFAP à Bruxelles)
Jedi Pas -Tetia
Mais il pourrait aussi s’étonner de ces tonnes de publicités toutes boîtes immédiatement jetées à la poubelle, ou des petits feuillets distribués en rue et qu’on retrouve dans le canivau.
admin
100% d’accord. Je vais préparer la suite: « Le retour de Gutenberg en militant écolo… »
Pour la question des imprimés, voir aussi l’article:
http://www.pavy.be/blog/?p=236